Le Soir : « Un lien établi entre la présence d’Airbnb et la hausse du prix des loyers ». STR-Belgium réagit et souhaite un débat nuancé et transversal

Bruxelles : un lien établi entre la présence d’Airbnb et la hausse du prix des loyers – Le Soir

Tout d’abord, il convient d’être prudent, comme pour toutes études, avant de tirer des conclusions hâtives.  STR-Belgium a eu l’occasion d’intervenir dans cet article, sans avoir pu consulter cette étude à ce stade.

Outre le fait intéressant du timing de sortie de cette étude à l’aube de débats au Parlement bruxellois sur le projet de nouvelle ordonnance fixant le cadre régulatoire des hébergements touristiques, STR-Belgium relève les points suivants :

  • Ne disposant pas d’informations sur le contenu de cette étude à ce stade, nous ne pouvons donc pas évaluer dans quelle mesure les paramètres pertinents ont pu être isolés et leur impact analysé – nous renvoyons le lecteur vers l’intervention de STR-Belgium dans l’encadré de l’article et l’étude de PwC en France soulignant l’impact extrêmement significatif des logements vacants. 
  • Le découplage de corrélation avec les prix de vente semble intuitivement perturbant si l’affirmation que la présence de locations courte durée engendrerait une hausse des loyers devait s’avérer correcte.  Tout aussi surprenant également, l’absence de corrélation entre la baisse de concentration des « Airbnbs » et la baisse des loyers. Attendons de pouvoir consulter l’étude qu’il serait d’ailleurs bon d’actualiser avec des données plus à jour, nous sommes bientôt en 2024 et beaucoup de facteurs ont évolué dans les périodes particulières de ces dernières années.
  • « … Un changement qui s’est couplé à une professionnalisation grandissante de l’offre – une spécificité bruxelloise … ».  En tant que membre d’EHHA, STR-Belgium peut affirmer qu’un secteur professionnel de la résidence de tourisme a le droit d’exister dans toutes les villes d’Europe, grâce à des vrais mécanisme de régulation, contrairement à la Région Bruxelloise où les autorités mènent une politique d’interdiction (serait-ce cela la spécificité bruxelloise ?) avec comme résultat un marché clandestin qui s’est installé, au détriment de tous (citoyens, touristes, secteur hôtelier, …).
  • « Pieter-­Paul Verhaeghe reste néanmoins prudent dans ses conclusions, en admettant qu’une « causalité complète » ne peut être revendiquée ».  Nous apprécions l’humilité du chercheur et serons attentifs à la façon dont l’étude a apporté de la nuance, sur le potentiomètre de la « causalité nulle » à la « causalité complète ».
  • Nous notons que le Professeur Verhaeghe conçoit que les arguments des défenseurs du système sont recevables – notamment sur le fait que le nombre de biens incriminés est faible au regard de l’ampleur de la crise du logement.  «Les grandes sociétés spécialisées dans ce type de location touristique ne sont pas présentes dans le croissant pauvre.  Elles ne sont pas responsables de la situation à Molenbeek ou Anderlecht.  Elles participent à l’augmentation des loyers dans certains quartiers, mais il y aussi d’autres facteurs qui entrent en considération. »  Sans valider les conclusions de l’étude, nous notons ici un argument important qui est d’ailleurs souligné par la Cour de Justice de l’Union Européenne (Cali Apartments, 2020) que nous relayons abondamment par ailleurs.  Outre tout ce qui est problématique dans l’ordonnance actuelle et son projet de remplacement (voir lettre ouverte au Ministre-Président), comment peut-elle avoir été établie de façon indifférenciée sur tous les quartiers des 19 communes de la Région de Bruxelles-Capitale ?  Voir aussi la problématique du PRAS à cet égard.
  • STR-Belgium se réjouit des autres suggestions émises par le sociologue et est ouvert à la discussion : établir des taxes touristiques progressives et procéder à une meilleure répartition de l’offre dans l’ensemble de la Région. « Il y a trop d’annonces dans le centre-­ville. Mais on peut avoir plus d’offres dans d’autres communes où il y a très peu de logements touristiques de ce type et où cela peut profiter à l’horeca – par exemple de l’autre côté du canal, qui joue aussi le rôle de frontière pour Airbnb. » . Dire qu’il y a trop d’offres dans le centre-ville ne veut pas dire qu’il faut complètement annihiler l’offre dans l’hyper-centre, cela serait complètement illogique.  Qu’un vrai mécanisme de régulation – également tenant compte de la demande – soit mis en place serait une excellente chose, mais on en est loin à ce stade.  Et enfin, nous saluerons le fait que le Professeur reconnaisse que le secteur de la résidence de tourisme profite à l’horeca !